Vie Scolaire à Metz : Veilleurs contre le harcèlement

Républicain Lorrain

Pour rompre le cercle du silence qui entoure les victimes de harcèlement au sein de l’école, le lycée Georges-de-La-Tour a créé un groupe de veilleurs-acteurs.

Jeunes et adultes s’attachent à écouter les victimes.

Selon les chiffres de l’Éducation nationale, 7  % des collégiens subissent du harcèlement sévère. Photo Marc WIRTZ

 

Traitée de « pute » et de « boloss » de vive voix ou sur les réseaux sociaux, Marion s’est pendue dans une cage d’escalier. Émilie, moquée comme « intello la plus moche du lycée », s’est défenestrée.

Selon les chiffres de l’Éducation nationale, en collège, 7 % des collégiens subissent du harcèlement sévère. En lycée, il diminue, passant à 1,3 %. Pour quelques élèves, c’est la mort au bout du calvaire. Les victimes maltraitées, souvent dans l’indifférence générale, ne trouvent pas de porte de sortie.

 

Rompre l’omerta

À Metz, le lycée Georges-de-La-Tour a pris ce problème à bras-le-corps. La proviseure-adjointe, Cécile Aubertin, a organisé la création d’un groupe de veilleurs-acteurs. Vendredi, ce groupe composé de dix-sept personnes, dix élèves, une secrétaire, un personnel de loge, une conseillère principale d’éducation et un parent d’élève, ont joué devant les délégués de classes du lycée une saynète très efficace pour la compréhension du phénomène. Un jeune est malmené devant un témoin passif. L’agresseur, qui lance des mots d’ordre pour humilier sa victime, est écouté par sa cour. Un enseignant s’acharne à « saquer » un jeune qu’il n’aime pas. Pour rompre ce cercle vicieux, il faut être vigilant, écouter. Tous, jeunes et adultes. C’est la première vertu du veilleur-acteur qui, loin d’inciter la victime à se rebeller ou loin de « balancer » l’agresseur, va d’abord et avant tout écouter, l’aider à se libérer et à communiquer pour rompre l’omerta.

 

Lutter tous ensemble

Les veilleurs-acteurs de "Georges" ont travaillé pendant plusieurs séances avec une formatrice de l’association Re-Sources , Geneviève Alline-Lacoste. L’objectif de l’association est d’agir sur la violence faite aux autres, ou retournée contre soi. Re-Source est soutenue par la Ligue française pour la santé mentale.

Après la saynète, un débat a permis de mieux comprendre le problème du harcèlement et les autres élèves ont été séduits par les propositions de leurs amis veilleurs. Le lycée a concrétisé cette formation grâce au financement de l’Agence régionale de la santé (représentée vendredi par Patricia Regin) et de la Région Grand-Est, également représentée lors de la restitution par Camille Sanchez, chargée de mission santé.

C. L.